poniedziałek, 16 lutego 2009

Grands Emigrés polonais en Charente Inférieure et à Rochefort

Grands Emigrés polonais en Charente Inférieure et à Rochefort.

L’insurrection de Varsovie, en novembre1830, déclencha la guerre entre la Pologne, démembrée en1795, et la Russie du tsar Nicolas I, puissance occupante.
La disproportion des forces en présence, le caractère nobiliaire de l’insurrection, l’indécision des élites gouvernementales et des généraux, conduisirent à la chute de Varsovie, le 7 septembre 1831 et à la défaite.

L’ordre règne à Varsovie
C’est à cette occasion que le comte Horace Sébastiani de la Porta, ministre des Affaires Etrangères de Louis Philippe, s’immortalisa en déclarant, à la Chambre des Députés, pour évoquer le silence de mort régnant sur la capitale vaincue :
« L’ordre règne à Varsovie ».
Quinze mille hommes se réfugièrent en Autriche le 16 septembre, tandis que 20 000 autres, composant le reste de l’armée polonaise, passèrent en Prusse orientale, à Brodnica, le 5 octobre 1831, pour y être, eux aussi, désarmés. Ainsi se terminait un épisode tragique qui allait durablement marquer la conscience polonaise et européenne.
La répression fut sévère, les chefs de l’insurrection furent déportés en Sibérie, spoliés de leurs biens, et le pays soumis à une intense russification dont témoignèrent, par exemple, la fermeture des universités de Varsovie et deWilno, la dissolution des sociétés savantes, le déménagement des bibliothèques scientifiques en Russie, l’installation de Russes aux postes importants du gouvernement.
Aux combattants malheureux qui traversèrent triomphalement l’Allemagne, la France, à l’exception notable du gouvernement de Louis Philippe, réserva un accueil chaleureux, elle n’avait pas oublié la fraternité d’armes de l’épopée napoléonnienne et les 200 000 Polonais tombés au champ d’honneur..Après les avoir accueillis que d’auditeurs passionnés écouteront les vétérans de la  Grande Armée raconter leurs faits d’armes «  Pour notre liberté et la vôtre » !

Quand toute la France devint polonaise
Dès janvier 1831 un « Comité central de secours aux Polonais » se constitua à Paris à l’initiative du marquis de La Fayette, qui, assisté par Léon Chodzko, son ancien adjoint polonais de la Garde, en devint le président. Il déclara devant la Chambre des députés:
«  Toute la France est polonaise, depuis le vétéran de la Grande Armée qui parle de ses frères polonais, jusqu’aux enfants des écoles qui nous envoient tous les jours les produits de leurs faibles épargnes pour aider la cause polonaise. Oui, toute la France est polonaise »,
«  La Pologne a appelé la France à son secours : celle-ci a répondu à cet appel ».
Ce comité, outre le soutien de l’opinion publique, comptait dans ses rangs, à l’exception notable d’Alphonse de Lamartine, les personnalités intellectuelles les plus en vue, à savoir :
Victor Hugo, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Alfred de Musset, David d’Angers, Maurice de Guérin, Louise Colet, Marceline Desbordes Valmore, Aloysius Bertrand.
Casimir Delavigne, Pierre Jean Béranger, Debraux, les trois plus célèbres chansonniers de l’époque composaient des chants en l’honneur des insurgés et de la Pologne en lutte.
Nous citerons encore Balzac, amoureux de la comtesse Hanska, Arago, Odilon Barrot, il est impossible de citer toutes les personnalités, vu leur nombre. Une exception sera faite pour le grand poète créole, réunionnais, Auguste Lacaussade, aussi talentueux et généreux que méconnu.

Les journaux
Armand Carrel, dans son journal « le National », organe des catholiques libéraux, proclame le 22 janvier 1831 : « Jamais nation n’avait revendiqué ses droits dans un langage plus empreint de conviction et de grandeur […] N’y a-t-il donc rien à faire pour arracher la Pologne au sabre moscovite ? »
Des pairs de France et des députés, dont le marquis de Grammont, gendre de La Fayette, lanceront le journal « le Polonais » dont le rédacteur en chef sera Wladyslaw Plater.

Un autre groupe, dont l’influence fut très grande, milita autour de l’abbé Félicité de Lamennais, il comptait, notamment, le vicomte Charles de Montalembert, ( comte et pair de France en juin 1831), et l’abbé Henri Lacordaire. Leur combat fut social et politique, ils lancèrent et animèrent le journal « l’Avenir », soutien inconditionnel de la Pologne en armes et du catholicisme social, ce qui leur vaudra une condamnation du pape Grégoire XVI :
- Encyclique aux évêques polonais de juillet 1832, où toute révolte nationale est condamnée, - - Encyclique « Mirari vos » de 1832, visant plus spécialement la critique sociale radicale de Lamennais et ses amis.
Dans son célèbre « Hymne à la Pologne » Lamennais s’écria en 1832 :
« Dors, ô ma Pologne, dors en paix, dans ce qu’ils appellent ta tombe :
Moi je sais que c’est ton berceau ».
Tandis que de Montalembert écrivait dans le « Polonais », en 1833 :
« Un jour la Pologne ressuscitera. Nul ne sait quand, ni comment, mais cela sera. C’est la loi de tous les nobles cœurs, c’est la prière de toutes les nations souffrantes, c’est la volonté de toutes les nations libres : c’est le pressentiment du monde ! »
Une vague de sympathie pour les réfugiés du peuple martyr, déferla sur la France, soutenue par de nombreux journaux : « Némésis », « Le Globe », « le Courrier français », «  le Journal du commerce ». Par contre la presse royaliste et catholique se montrera réticente, ainsi «  la Gazette de France », « la Quotidienne » ou « l’Ami de la Religion ».

La grande Emigration
Des loteries, des tombolas, des ventes de charité furent organisées à Paris, puis dans tout le pays. 8 000 réfugiés polonais afflueront en France, de 1831 à 1834, les trois-quart d’entre eux, issus de la noblesse terrienne, avaient été officiers ou sous-officiers de l’Armée polonaise, les plus anciens étaient des vétérans des guerres napoléoniennes. Cette vague d’émigration comportait, bien entendu, des savants, des hommes politiques, des artistes : écrivains, poètes, musiciens, elle fut appelée « la Grande Emigration ».
Elle comptait des personnalités aussi prestigieuses que Chopin qui s’écria, en arrivant à Paris : « O le plus beau des mondes » ! Slowacki, Mickiewicz, Krasinski, Norwid, Gorecki, Chodzko, Rettel, Olizarowski, Witwicki, Niemcewicz, Zan, Worcell, Wolodkowicz, les généraux Wysocki, Knaziewicz, Dembinski, Bystrzonowski, Dwernicki, président du Comité central de l’émigration, et Joachim Lelewel, professeur d’histoire à Wilno qui constitua à Paris, dès la fin de l’année1831 le Comité national polonais.
Parmi les nombreuses familles de la noblesse polonaise venues trouver refuge en France on peut citer : les comtes Plater, Zamoyski et Czapski, les Branicki, et le prince Adam Czartoryski, propriétaire de l’hôtel Lambert, cœur battant de la Pologne en exil où l’on croisait Chopin, George Sand, Adam Mickiewicz, Delacroix.

L’aide
Mais l’exil conduisit la majorité des émigrés au dénuement, beaucoup trouvèrent refuge chez les sœurs polonaises de l’œuvre de St Casimir à Paris ( c’est là que mourra Cyprian Kamil Norwid, le poète préféré de Jean-Paul II ). Afin de permettre à toutes ces personnes de vivre, avant que le gouvernement français ne prenne le relais, le Comité central de La Fayette collectera infatigablement des fonds en leur faveur.
Le 20 mai 1834, date de son décès, des officiers Polonais porteront le cercueil de La Fayette, lors d’obsèques grandioses.
A Paris les Polonais et de Montalembert créent en 1833 une « association pour faciliter les études des jeunes Polonais », de jeunes sous-lieutenants polonais entrèrent même à l’Ecole Polytechnique et on lancera un journal : le « Pèlerin polonais ».

Mais les idées démocratiques et anti-monarchistes de certains milieux polonais, comme le « Comité secret » de Lelewel inquièteront le gouvernement de Casimir Périer qui, de surcroît, ne voulait pas irriter le tsar, il décidera donc de disperser en province les Polonais regroupés à Paris, et d’expulser les plus virulents, dont Lelewel.

Les dépôts
Dès le 27 novembre 1831, ordre est donné aux militaires polonais émigrés de partir pour Avignon, Châteauroux ou Bourges. Les civils quant à eux pourront s’installer où bon leur semblera, hors Paris, que ce soit en Bretagne, à Beauport-Paimpol, comme le comte Napoléon Poninski, à Bordeaux, Lyon, Montpellier, Poitiers, etc.
En 1832 fut promulguée la loi Guizot sur les Réfugiés qui les faisait passer du contrôle du ministère de la Guerre à celui du ministère de l’Intérieur.
En janvier 1832 le gouvernement durcira son attitude et créera les dépôts où les émigrés polonais seront assignés à résidence et disséminés sur tout le territoire français, une des dernières villes de dépôt sera Tours.
Il ne faut pas s’imaginer que les Polonais étaient obligés de rester dans les villes de dépôt : bien au contraire les autorités favorisaient une dispersion départementale, ainsi les 67 réfugiés d’Indre et Loire se répartiront, en 1835, pour moitié à Tours et les autres dans 9 villes du département, dont Chinon, Richelieu, Loches, Amboise et Montrésor. Le château de Montrésor, acheté par la famille Branicki, est toujours propriété de ses descendants. Cependant, pour aller d’une ville à uns autre, il fallait solliciter un visa du préfet.

Les villes du nord de la France, réputées plus révolutionnaires que celles du sud, seront interdites aux Polonais.
Ils recevront une allocation quotidienne allant de 45 F / mois soit environ 200 euros / mois pour un simple soldat, jusqu’à 100 F / mois, l’équivalent de 450 euros / mois, pour un général de brigade. Les Polonais maintenus, au début, dans l’inactivité aux frais de l’Etat français, s’intégreront au fil des ans, ou sortiront du territoire, car, de toute façon, les subsides iront en diminuant rapidement.
La tension parviendra à son comble avec la loi d’exception du 21 avril 1834 qui décrétera toute immigration polonaise illégale, en dehors des dépôts, de plus, tout sera fait pour empêcher les communications entre réfugiés des différents dépôts : dans les camps des suicides se produiront, des altercations auront lieu. Une circulaire du 25 mars 1837 interdira aux Polonais, « jusqu’à nouvel ordre, le séjour de Paris, Lyon, Marseille, Rouen, Nantes, Versailles, Grenoble, et les frontières de l’Est et des Pyrénées ».
Il faudra attendre une dizaine d’années pour que tous les dépôts soient supprimés.

L’essor de la presse d’émigration
Cette inactivité temporaire trouvera son exutoire dans le lancement de nombreux journaux, ainsi naîtra la Presse de la Grande Emigration. Outre les titres déjà cités on retiendra « les Polonais en France », « le Barde des bords de la Vistule sur les bords de la Durance », qui paraissait en Avignon où vivaient 1200 Polonais, « la Sibylle de l’Emigration polonaise », qui était imprimée à Paris, et des périodiques divers comme « les Mémoires de l’Emigration » dont le rédacteur en chef était Michal Podczaszynski, chez Pinard, à Paris.

Les réfugiés polonais en Charente inférieure

Extraits de documents des Archives départementals de La Rochelle, dépouillés par Mme A. BESSE, selon l’ordre de la série 5M6, et publiés par la revue « Généalogie en Charente Maritime » n° 41 de décembre 1999.
Cercle généalogique d’Aunis Saintonge
Les titres et commentaires en italique ont été rajoutés.

Amnistie russe, aide aux réfugiés
Lettre de refus du 24 janvier 1835 à des réfugiés polonais ayant sollicité leur retour en Pologne, parce qu’ils n’ont pas profité en temps opportun de l’amnistie accordée par l’Empereur de Russie, sauf raison d’exception en leur faveur. A.D. 5 M6/1
En 1834 le tsar Nicolas I a décrété une amnistie.

Circulaire du Ministère de l’Intérieur adressée à la préfecture de La Rochelle, en 1836, signée Adolphe Thiers, traitant de la réduction des subsides alloués aux réfugiés :
«  Il a été noté une fâcheuse tendance de certains réfugiés à s’abstenir de tout travail et à se réduire, pour tout avenir, à l’éventualité du subside. On a constaté que la majeure partie des réfugiés ne fréquente pas l’école, peu d’apprentis ou dans les professions utiles. Des dispenses de frais d’inscription d’examens, etc. seront toujours accordés aux réfugiés qui étudient le droit ou la médecine. J’aiderai volontiers ces étudiants à se procurer les livres, les premiers instruments, etc.nécessaires au perfectionnement de leurs études ou à l’exercice de leur état, lorsqu’ils auront obtenu les certificats et autorisations indispensables …je ne refuserai même pas quelques allocations extraordinaires à ceux qui voudraient établir ou entreprendre un commerce dont ils possèderaient déjà les éléments. Enfin la protection du gouvernement sera acquise à tous ceux de ces étrangers qui s’en montreront dignes ».A.D. 5 M6/1

Définition du mot « réfugié » dans la lettre du Ministère de l’Intérieur datée du 17 avril 1838 :
«  Par le mot de « réfugié », on doit entendre les étrangers qui se sont expatriés pour se soustraire aux poursuites auxquelles il sauraient été exposés ou à l’exécution de condamnations prononcées contre eux, soit pour des causes politiques, soit pour crimes et délits de toute nature ».
Il est demandé aux communes de fournir un état sur les réfugiés comprenant « aussi les déserteurs et les étrangers qui sont venus chercher asile en France outre les excès de l’esprit de parti ». A.D. 5 M6/1

Nombre des réfugiés polonais en Charente inférieure
En1833 la grande liste compte 105 noms
A.D. 5 M6/4

En 1839 la liste des réfugiés polonais subventionnés du département compte 97 noms.
A.D. 6M6/1

La liste nominative de 1844 concerne 28 Polonais de Rochefort. A.D.5M6/3
La liste nominative de 1845 concerne 49 Polonais de La Rochelle ( 19 classe militaire, 30 classe civile) A.D.5M6/13

En 1851 les réfugiés polonais en Charente inférieure étaient au nombre de 102 personnes :
33 à La Rochelle, 20 à Rochefort et environs, 19 à St Jean d’Angély, 7 à Saintes, 19 à Jonzac et 4 à Marennes.

A la date du 1 novembre 1851, la moitié des réfugiés était subventionnée :  « la plupart des étrangers des 16 dernières années, établis dans le département, se sont créé des moyens d’existence par l’exercice de diverses industries, un grand nombre se sont mariés et sont pères de famille. Les autorités locales ont rendu les meilleurs témoignages de leur conduite ».
A.D. 5 M6/1

En 1873 les subventions ne concernent plus, à La Rochelle, que 8 réfugiés âgés ou infirmes. A.D.5M6/9

En 1885 la liste nominative des bénéficiaires de subsides du département compte 4 Polonais, dont Kutkonski, officier, âgé de 72 ans.
A.D.5M6/9

Surveillance des réfugiés, expulsions

19 août 1833. Le dépôt de réfugiés polonais de l’Indre de la classe civile a donné des ordres pour envoyer 80 de ces étrangers en Charente Maritime où ils seront répartis. Les Polonais sont assignés à résidence et ne doivent quitter les communes que par autorisation spéciale. A.D. 5 M6/4

Lettre confidentielle du Ministère de l’Intérieur aux préfets, datée du 7 novembre 1846, signée Duchatel, secrétaire d’Etat de l’Intérieur :
«  On chercherait de nouveau à agiter l’émigration polonaise et à la pousser à des démarches ou des actes dont le seul résultat serait d’augmenter encore le malheur de sa situation. J’ignore à cet égard si les avis qui parviennent au gouvernement sont fondés sur des données exactes, mais il est prudent, même dans l’intérêt des réfugiés de ne point se départir des mesures de précautions et de vigilance prescrites […] Aucun titre de voyage pour sortir de France ne devra leur être délivré sans mon autorisation ». A.D. 5M6/1

Ces mesures seront assouplies, en 1849, par une lettre circulaire du Ministère de l’Intérieur :
«  Un certain nombre de réfugiés polonais qui ne parviennent que très difficilement à suffire à leur existence, soit parce qu’ils ne reçoivent plus de secours, soit parce que le subside mensuel de 15 F, alloué à la plupart d’entre eux, ne peut les mettre au-dessus du besoin, manifestent l’intention de quitter la France. L’Administration n’a ni le droit, ni la volonté de les retenir malgré eux sur notre territoire, dans les circonstances actuelles, on peut, au contraire, trouver quelque avantage à voir s’éloigner de France, des étrangers dont la présence est parfois une cause de préoccupations ou d’inquiétudes pour le maintien de l’ordre. En conséquence, je vous autorise à délivrer à tous les réfugiés polonais qui en feront la demande les passeports dont ils auront besoin pour sortir de France, les titres de voyage devront être accordés gratuitement et vous pourrez y joindre le secours de route payable, d’étape en étape, jusqu’à la frontière ». A.D. 5M6/1

Meller Zacomelski Jean demande un visa pour La Rochelle, venant de Rochefort. Cet individu est entré furtivement en France, dans les années 30. En 1836, expulsé de France, car il avait été signalé au Ministre comme « escroc au jeu et espion de l’ambassade russe ». Il était né à Kiev (Russie). Il a participé aux subsides comme réfugié polonais pendant quelque temps à Paris, mais ces subsides lui ont été refusés, car il n’a pas pujustifier de la part qu’il prétendait avoir prise aux événements de Pologne. On recommande d’accrpître la surveillance.
Plusieurs lettres d’expulsion de sujets polonais pour l’Angleterre par Calais.
A.D. 5M6/10


Mariage
Lettre à la sous-Préfecture de Marennes, 10 décembre 1848, relative au mariage d’un sujet polonais, Wizosch, demeurant à Arvert, avec Mlle Clarisse Gosselin – Arvert :
«  L’autorisation de M. le Ministre de l’Intérieur n’est pas nécessaire aux réfugiés polonais pour contracter mariage, et il en résulte des communications qui m’ont été faites par le Garde des Sceaux, que le Gouvernement russe a toujours paru décidé à refuser aux réfugiés polonais la délivrance des actes d’état-civil et autres pièces nécessaires à ceux de ces réfugiés qui veulent se marier en France […]Ceux des réfugiés polonais qui seraient dans l’impossibilité de rapporter leur acte de naissance pourraient y suppléer au moyen d’un acte de notoriété rédigé par le juge de paix du lieu de leur domicile sur la déclaration de sept témoins, et homologué par le tribunal de 1ère instance, le tout conformément aux articles 70 –71 du Code civil – mariages entre polonais et françaises. A. D. 5M6/1

Envoi des Polonais en Algérie:
25 juin 1832 – lettre du Préfet au sous-Préfet de Rochefort :
«  La Gabare La Loire, venant de Brest, a reçu l’ordre de se rendre en rade de l’île d’Aix, afin de prendre à son bord, pour être transportés à Alger, les réfugiés polonais qui sont partis de Dantzig sur un navire prussien. Préparez à l’île d’Aix un logement pour les recevoir […] Un certain lieutenant-colonel Rolakonski semble bien agité. Il a un passeport pour Royan, pour y prendre des bains de mer. Cet officier polonais correspond avec ses compatriotes par l’intermédiaire du capitaine Morin, commandant des voltigeurs à l’île d’Aix, veuillez surveiller adroitement et faire cesser, si cela vous est possible ».
441 réfugiés polonais débarquent le 4 août 1832 en rade de l’île d’Aix. On en annonce 600.
A.D.5M6/2

En juin 1833, les Polonais demandent de présenter assez de soldats pour former un bataillon qui doit s’organiser en Afrique, une seule compagnie a pu être organisée et les demandes seront présentées à M. le duc de Dalmatie ( Maréchal Soult, Ministre de la Guerre créateur de la Légion Etrangère). A.D.5M6/4
Pétition d’environ 80 noms adressée au préfet par des Polonais en octobre 1833.

Lettre du préfet au sous-préfet de Rochefort :
«  Kusowski Antoine, sous-officier réfugié à Rochefort, qui se voit refuser une autorisation de passage gratuit pour se rendre en Afrique, a été arrêté le 2 décembre 1841 à Rochefort en flagrant délit de vol. Il est expédié en Afrique avec passeport et secours de route jusqu’à Toulon et un mandat de paiement de ses subsides du mois ». A.D.5M6/3

Les Polonais et La Légion Etrangère en Espagne
Cet épisode est fort peu connu. Louis Philippe décide, en juin 1835, d’envoyer la Légion Etrangère ( créée en 1831), en Espagne, où la guerre civile fait rage, afin de soutenir Isabelle II contre les Carlistes. La Légion sera incorporée à l’Armée espagnole en juin 1836, puis dissoute, en 1838. Entretemps Louis Philippe aura créé une seconde Légion Etrangère, ( décembre 1836), pour l’envoyer, cette fois ci, en Algérie.

Liste et états des Polonais dirigés sur Pau pour prendre du service dans les lanciers destinés à faire partie de la Légion Etrangère : 15 noms.
Lettre de la préfecture des Basses-Pyrénées du 14 juin 1836 : « Il n’y en a que 14 qui se sont présentés à Pau, quatre ont refusé de poursuivre leur route et ont été envoyés à Auch. Il semble que l’on a des difficultés à les incorporer à la Légion, ils sont dispersés à Auch, Pau, ou retournés à La Rochelle ». A.D.5M6/8
De fait, les conditions de vie à la Légion étaient particulièrement spartiates.

« J’ai eu l’honneur de vous informer par ma lettre du 16 août 1836 que j’avais délivré aux Sieurs Pagowski Antoine, sous-lieutenant et Przeradzki Adam, capitaine, Polonais réfugiés à St Marin de Ré, des passeports pour se rendre en Espagne où ils étaient assurés d’obtenir du service dans la Légion étrangère. Depuis, d’autres Polonais m’ont demandé à recevoir la même destination offrant de faire également leur renonciation aux subsides que leur accorde le gouvernement français. Dans la situation actuelle des affaires d’Espagne, j’ai pensé, Monsieur le Ministre qu’il était convenable que je prisse vos ordres, à l’égard des demandes ».
Lettre du préfet au Ministre de l’Intérieur datée du 17 août 1836.
Réponse du Ministre « Les cadres d’officiers du corps auxiliaire destiné pour l’Espagne sont plus que complets. Ne recevez donc aucune inscription ». A.D.5M6/4


Insertion des Polonais, canal de Niort

Juillet 1834. Nidecki Constantin Joseph : demande de passeport pour l’Angleterre.
Autres demandes pour la Belgique. On trouve dans le dossier un descriptif des demandeurs, avec, parfois, leur grade dans l’armée polonaise. Quelques demandes pour Toulon, puis Alger.

Les Polonais étant fort nombreux à Rochefort en 1835, M. le Ministre de l’Intérieur n’autorisera plus les envois de réfugiés vers cette ville.
Même lettre en 1838. A noter de nombreuses demandes d’autorisation de ressortissants polonais pour aller se baigner à Royan. A.D.5M6/4

Etat nominatif, de 1837, des Polonais étudiants à l’hôpital maritime de Rochefort :
Bielski Valentin, sous-officier, Bielski Ignace, Bobrowski Grégoire, Milklaszewski Vincent. A.D.5M6/2
Bobrowski part à Toulouse en septembre 1838 et prend les eaux thermales à Barèges.

Heydenreich Joseph, Polonais, docteur en médecine se fixe à Thairé où il doit exercer l’art de guérir. 1838. A.D.5M6/2

Palma Jean, officier polonais, quittte Rochefort pour Montpellier où il espère exercer avec plus d’avantages qu’ici sa profession de pianiste. 1838. A.D.5M6/2

Nazierowski, capitaine plonais vient d’Angoulême à la Rochelle. Dombrowski Jean, soldat, a volé à Angoulême un de ses compatriotes et a quitté cette ville furtivement, vient à La Rochelle pour du travail chez le maître tailleur du 28ème régiment de ligne. 1838. A.D.5M6/4

En 1842, Sottonin Joseph, résidant à Saintes, est transféré à St Pierre d’Oléron car employé à Fort Boyard. En 1837, puis en 1839 à La Rochelle avait passé un examen d’agent voyer. Il avait participé activement à l’insurrection de la Lituanie, étant alors étudiant au collège de Datnow, sa famille avait des biens à Wilna.
Le nommé Breanski Valérien a un passeport pour voyager en France pour la propagation d’un ouvrage périodique intitulé «  le Peuple polonais », où il n’est question que des mœurs, usages et coutumes du peuple polonais, ne contient aucune doctrine blâmable. Il s’est déplacé dans plusieurs départements. A.D.5M6/8

En 1846 plusieurs Polonais sont employés au creusement du canal de Niort. On note que Michel Kalinowski a de larges cicatrices aux jambes et une vue d’extrême faiblesse. Décédé à l’hôpital de La Rochelle en 1858.
Un autre ouvrier a été tué lors de cet éboulement et un autre blessé également en septembre 1846.
En 1847 Wolski, travaillant au canal de Niort a été enseveli sous un éboulement de terre et retiré de dessous les décombres dans un état de mutilation qui a donné de sérieuses craintes pour sa vie. A été par deux fois à l’hôpital et il est mis dans l’impossibilité de se livrer à aucun travail normal en plein champ.
En 1851 Kowalski François, employé aux travaux du canal de Niort a eu plusieurs accidents pendant ces travaux. A.D.5M6/11


« Un certain Zielinski Ladislas va une fois à Londres, une autre fois à Madrid, ou bien à Wiesbaden, grand duché de Nassau, une autre fois à Constantinople, prend les eaux à Barèges et pourtant il n’a qu’un petit emploi aux Contributions Directes. Précédemment il était à Nantes. Il a fait courir le bruit qu’il recevait de sa famille 1 500 F par an, tandis qu’il ne recevait seulement d’un de ses parents, demeurant à Paris, qu’une somme de 600 F tous les ans. La modicité de ce secours éventuel le déterminait à faire des rôles pour les contributions indirectes, mais étant aujourd’hui privé de ces faibles ressources, il demande à être réintégré sur les états subventionnés ». Lettre du maire du 6 janvier 1844 au préfet.
Rapport de police : « Il se livre habituellement à la boisson et s’absente de son domicile quand il possède de l’argent – avait beaucoup de dettes – menteur – buveur – a habité Paris , Bordeaux, Montbrison. Dettes pour de l’habillement, puis est venu à Surgères, à La Rochelle, dans les Deux Sèvres en 1839, il avait 19 ans. Va de Paris à Posen en 1848. Semble avoir étudié la médecine à l’hôpital maritime de Rochefort. Retour en Pologne en 1849 ». A.D.5M6/7

Les révolutions de 1848
La date de 1848 marque un tournant, puisqu’à Paris le roi Louis Philippe ( ayant succédé à Charles X après la révolution de 1830) est lui même chassé du pouvoir et remplacé par la II République. Les révolutions essaiment à travers toute l’Europe : à Vienne, à Berlin, en Hongrie et, bien sûr (!), en Pologne occupée. De nombreux réfugiés repartiront à Posen ( actuellement Poznan), l’épicentre du soulèvement. Une fois encore l’insurrection sera matée.

Dossiers individuels : délivrance d’un passeport collectif daté de 1848 permettant à 29 Polonais demeurant à la Rochelle et Rochefort de retourner à Posen. A.D.5M6/7

En 1848 événements fâcheux en Pologne. Après un départ en avril 1848, Cyrlewicz, cordonnier, est revenu à La Rochelle. Mort à Dompierre le 27 décembre 1848. Plusieurs réfugiés dans ce cas, de retour à La Rochelle. A.D.5M6/8

L’école polonaise des Batignolles
En novembre 1852, une dame Buskiewicz, 3 rue du Palais à La Rochelle, mariée à un Polonais de Rochefort, réfugié en France en 1836, sollicite l’admission de son fils à l’école polonaise des Batignolles, auprès du préfet de la Charente inférieure. On lui répond que le gouvernement n’a pu intervenir pour l’admission des enfants de réfugiés dans l’établissement dont il s’agit et que c’est au Conseil d’administration de l’école qu’elle doit s’adresser. A.D.5M6/10
L’école des Batignolles, fondée en 1842, à Paris, par le général Jozef Dwernicki et et le poète Antoni,Gorecki, était la seule école où les petits Polonais pouvaient suivre leurs étude en langue polonaise. Elle se trouvait bd des Batignolle ( et maintenant rue Lamandé ). Y faire entrer son enfant ne devait pas être facile pour une provinciale.

Années 1850 à 1860, seconde amnistie
Succédant à son père Nicolas 1er en 1855, Alexandre II décrètera une amnistie au bénéfice des insurgés de 1830, certains rentreront. Une période se termine, mais en Pologne, déjà, l’Insurrection de janvier 1863 se prépare.

1850 Domeyko de Bordeaux est expulsé pour mesures politiques.
Stanislas Czarniewski, propriétaire en Pologne, n’ayant pas de métier manuel est obligé de se louer comme journalier. A.D.5M6/9

L’insurrection polonaise de janvier 1863 et l’assimilation progressive des « anciens réfugiés »
Cette deuxième insurrection fut écrasée par les Russes en 1864, mais, à la différence de celle de 1830, le peuple se souleva largement. Aussi le tsar Alexandre II eut-il la sagesse d’entériner la réforme agraire voulue par les paysans. Malgré le désastre, l’émigration des insurgés n’eut pas l’ampleur de celle de 1831. De plus, son profil politique était différent puisque des chefs comme Dabrowski et Wroblewski, par exemple, étaient des socialistes révolutionnaires. Ils se retrouveront, en 1871, sur les barricades de la Commune de Paris.
Les autorités constateront, à Paris, que cette «  nouvelle émigration polonaise » était bien différente de l’ « ancienne émigration ».

Borowski Benoît, décédé à St Jean d’Angély en mars 1868, par testament daté du 24 mars 1868, fait du sieur Pierre Brzuskiewicz, marchand tailleur, son héritier. Ce Borowski avait de nombreuses blessures et allait à Barèges prendre les eaux thermales, il était presque infirme. De caractère doux, il est constamment demeuré en dehors de tout mouvement politique. A.D.5M6/9

Les braves gens de Saint Jean d’Angély signalent un réfugié, Rutkonski, infirme et dans la misère la plus complète, il touche 10 F par mois. Il travaille comme domestique chez le sieur Texier de St Jean d’Y, on lui donne, pour tout gage la nourriture seulement, et il couche dans la grange sur le foin à 61 ans. Sa subvention sera portée à 15 F par mois à partir du 1 janvier 1879. A.D.5M6/9

Ainsi se termine le dépouillement des archives départementales effectué par Mme Andrée Besse-Biolleski.

Nous ne connaissons pas, en Charente inférieure, des familles polonaises célèbres qui aient fait souche. Quelques réfugiés polonais se sont assimilés, mais les plus nombreux sont passés en transit, grâce l’appui des Autorité locales et à l’hospitalité d’une population acquise à leur cause et sensible à leur détresse. France terre d’asile, tu as bien mérité ton nom.


Rochefort le 21 janvier 2009


Dr Thaddée-Albert Grzesiak
Président d’honneur du « Kongres Polonii Francuskiej »

5 rue Anatole France
17300 Rochefort

1 komentarz:

Kryszelady pisze...

francuska z pochodzenie polskiej, moje dzidki i babcie przyjechali do Francji, razem z rodzicami w okolo 1920ego roku. Bardzo sie interesowalam czetacz "Grands Emigrés polonais en Charente Inférieure et à Rochefort". Francja i Polska zawsze walczyli reke w reka. Organizuje we Francji galerie malarstwo i chetnie bym cos zrobila w Polsce aby luszie nie zapomnieli ze Polska i Francja sa dwa kraje przejacieli.